lundi 9 novembre 2020

c'est maintenant que tout continu

 Novembre 2020

ça va. Enfin c'est bizarre mais ça va. En plein bouleversement et en fait ça ne va pas trop. Un virus, la Covid 19 apparu sur un marché chinois, enfin je crois, qui a semé doute et confusion dans tout un chacun sur la planète. Mars 2020 confinement général, c'était cool, la peur au ventre et tout le monde à la maison. c'était clair et c'était net. Pas le choix. Dans le doute valait mieux s'abstenir. Une certitude, je ne serai jamais enseignante.

Mais là, c'est louche, 2eme confinement, tout le monde continue sa petite vie. Mais c'est la misère. Attentats, prof égorgé dans la rue, fidèles poignardés dans une église. Trump qui embarque des millions d'américain dans sa folie. Est ce vraiment de la folie? que se passe t il? faut il s'adapter ou se révolter? quel est le sens de tout ça, à quoi ça va til servir , à l'humanité, à ma famille, à moi? que veulent dire ces choses que je vois passer à l'écran?

je passe mon temps à m'interroger, jamais je ne cherche de réponse. Je suis épuisée, je n'arrive plus a faire des phrases correctes, j'ai l'impression d'être un avion qui a perdu un moteur et qui garde le cap en puisant dans les ressources qui me restent. Une petite voix qui me dit que tout va bien, que je n'ai pas à me plaindre, par rapport à d'autres qui vivent de véritables drames. 

j'ai un peu hâte de passer à autre chose, de retrouver ma joie et mon gout pour les choses de la vie.


vendredi 14 octobre 2016

la guerre est déclarée

Les généraux ont terminé la période d'observation et de repérage. IRM, scanner, mammograhie et échographie, scintigraphies. Hier, pose du cathéter PICC qui me servira pendant les 18 semaines de chimio, et retrait de 4 ganglions sentinelles partis en analyse.

Aujourd'hui ils ont lancé la première offensive. FEC100 pour cette première cure de chimio, elle sera suivie par 2 autres cures de FEC100 qui 3 autres de Taxotère, protocole classique qui a fait ses preuves.


5 heure après le début de la perfusion, je me sens faiblarde mais pas encore malade. voyons voir comment vont se passer les choses pour moi, quels seront les dommages collatéraux de cette guerre chimique dans mon corps.

mercredi 12 octobre 2016

les emmerdes, ça vole toujours en escadrille



je me permets de reprendre la formule de Jacques Chirac, "les emmerdes,  ça vole toujours en escadrille". Fatalisme corrézien ou reprise franchouillarde de la loi de Murphy, au mois de septembre j'adhère contre ma volonté.
Oui parce que moins de 3 semaines après avoir appris la maladie, j'apprends la suppression de mon poste, pour la fin de l'année, histoire de bien finir de me pourrir le mois. Et oui les amerlocs ils ne font pas dans le détail. Réorganisation, l'entreprise va mal, il faut simplifier. Ok, je conçois bien merci - je suis d'accord pour simplifier, MAIS POURQUOI MAINTENANT?

que s'est il passé dans l'univers pour que ces 2 tuiles, que dis-je, ces 2 pans de toit me tombent sur le nez?
un alignement des planètes, une battle, Saturne contre Uranus et c'est la Vierge qui a perdu! Autant dire aussi que c'est un fait plutôt rare. De manière générale je me considère comme chanceuse et pas du tout poissarde. J'ai toujours trouvé fascinant les aimants à emmerdes, j'en ai connu qui les accumulaient! je cherchais à comprendre pourquoi certains collectionnaient les problèmes et les mauvais plans en tous genres. J'ai fini par admettre que beaucoup d'entre eux les cherchaient.
est ce que moi aussi j'ai cherché le licenciement et la maladie? je ne crois pas, pourtant... je me souviens très récemment m'être dit à plusieurs reprises " c'est trop beau tout ça, ça ne va pas durer.."
les deux beaux garçons, le mari aimant, le super boulot offrant bon équilibre vie privée/ vie pro, et tout récemment la baraque de mes rêves.
Trop beau pour moi? Pas mérité?

Et puis quoi! tout ça je l'ai obtenu parce que je l'ai voulu! ce n'est pas dû au mérite ni à la chance. les opportunités ont été saisies, les problèmes ont été anticipés et résolus. Et bien je ferai pareil avec le cancer. Et je trouverai un autre emploi, mieux que celui que j'avais. Et ma famille sera encore plus heureuse. Et moi je comprendrai que c'est ça d'avoir confiance en soi.

dimanche 11 septembre 2016

5 - tu mets tes baskets

autant le dire tout de suite, le sport c'est pas mon kif.
j'en ai essayé plusieurs pourtant, du badminton, de la boxe, du roller, du step, de la danse, de la gym douce et moins douce, du pilates, et même du rugby. j'en ai payé des cotisations et j'en ai raté des séances....
rien à faire, c'est pas mon truc.
mais là ce n'est pas la question. Faut que je me bouge le luc, si je veux guérir. Mon moral d'acier il va certainement se ramollir, comme mes fesses de quadragénaire. Alors faut que je mette en place des tactiques pour conserver son intégrité.
Tactique n° 1: aimer et être aimée
Tactique n° 2: se faire plaisir et prendre soin de soi
Tactique n° 3: mettre ses baskets et bouger


Samedi matin, sans crier gare, j'enfile une paire de basket bientôt plus vieille que moi (qui peut se vanter de mettre encore les chaussures achetées avec sa première paie 14 ans plus tôt?!!) un pantalon chino confortable (bah non je n'ai pas de jogging...) un débardeur un peu juste avec un trou de mite au   dessous du col. trop la classe. mes yeux sans maquillage ne sont pas plus gros que le trou de mite.

iPhone en poche, écouteurs vissés aux oreilles, je suis dans la rue.

OneRepublic, Counting Star, ça c'est de la balle pour démarrer  la première séance de mon programme.  15 minutes de marche rapide, suivies de 6x2 minutes de course sur le stade. 1 minute de marche de récupération entre chaque tour, puis 15 minutes de marche rapide.
Je n'y crois pas, j'y arrive, meme pas mal. je cours portée par la douceur du soleil et la rage de vaincre. Je n'ai jamais connu cette sensation, enfin pas depuis longtemps. le 6eme tour je le fais a vive allure, je donne à la terre l'énergie qui me reste.
je n'aurais pas parié un euro sur moi, et je l'ai fait. Demain je mets mes baskets et je passe à la session suivante.

vendredi 9 septembre 2016

4-Inside Out

'Inside Out' ou 'Vice Versa' est le titre d'un Disney que j'ai beaucoup regardé avec mes enfants. C'est l'histoire d'une petite fille qui nous est racontée au travers de ses émotions, personnifiées par des petits bonshommes circulant dans le quartier cérébral.


J'utilise beaucoup ces métaphores pour expliquer les émotions à mes enfants. Elle m'ont aussi aidé à ségréguer et canaliser les émotions qui m'ont envahies ces derniers jours. Merci Walt and co!



Peur est la première des émotions que j'ai eu à gérer.  Pas très envahissante finalement mais véhicule de pessimisme et d'angoisses souvent infondées. Cette émotion est importante mais j'aimerai mieux la maitriser.

Tristesse ensuite, parce que l'idée d'imposer la maladie aux gens que j'aime me rend assez mélancolique. Comme dans le film, c'est une émotion que je vais devoir surveiller de près, que je ne dois pas remiser au placard. Elle sa toute sa place dans mon coeur. Les larmes que je verse sont salvatrices et expriment des pensées avec plus d'efficacité que les mots. 


Joie, cette émotion résiste et subsiste malgré tout, bien ancrée dans toutes les petits bonheurs du quotidien dont je me délecte. C'est le coté optimiste que je veux réaliste, l'énergie de bouger et de croire que tout, y compris le meilleur, peut arriver.  la Joie me permet de considérer cette expérience comme une chance de vivre la vie autrement, plus intensément, de façon moins futile, de considérer de façon systématique que rien n'est acquis. Je vais rencontrer de nouvelles personnes, être surprise, émue. Je vais croiser le chemin de malades, de guéris, de personnel soignant. Je vais me découvrir également sous un autre jour, et au fond de moi je suis persuadée que cette expérience renforcera nos liens familiaux. Je l'espère, sincèrement.

Bizarrement, je ne ressens que peu voire pas de colère.... vraiment étrange. Je n'ai jamais tapé du poing en hurlant 'pourquoi moi?', je n'ai pas vraiment cherché un coupable à la situation. En fait j'ai l'impression d'accepter ce qu'il m'arrive, trop facilement et trop vite peut être...

Dégout, pas vraiment une émotion de premier plan, on la met au chaud pour la chimio et ses nausées.



lundi 5 septembre 2016

3 - mes larmes

Il n'y en a pas eu tant que ça. Elles se sont cantonnées au premier jour. Chaudes, intarissables, lourdes de sens et étonnamment salvatrices.
Mes larmes je les aime autant que mes sourires, elles veulent aussi dire quelque chose de moi.
Que je suis triste et que j'ai peur. Aujourd'hui lundi elles tentent de revenir. Je les sens poindre. Elles alourdissent mon humeur. Le ciel est gris, je viens de laisser les enfants à l'école et chez la nourrice. Je travaille de la maison aujourd'hui. Seule, je peux remettre mon sourire du week end au placard, du moins le temps de considérer ces larmes et de leur demander ce qu'elles ont à me dire. Elles ont droit à mon égard. Elles me parlent de ma peur, celle de souffrir et de faire souffrir, de ne pas être capable de m'occuper des miens, de devoir partir trop tôt. Elles expriment mon inquiétude vis à vis des mois à venir, des organisations à revoir, des changements à opérer.  
Je parviens à balayer certaines de ces incertitudes et grâce à ceux qui m'entourent je me concentre sur l'instant présent, c'est moins douloureux. 
C'est moi qui ai créé ce cancer, je vais essayer de ne pas me faire plus de mal. Je vais aller le trouver et lui dire qu'il s'est trompé de chemin. Mes cellules ont peut être cru bien faire en se mettant à fonctionner différemment... je ne leur en veux pas. Mais je ne vais pas les laisser continuer leur route, leur campagne destructrice.  Je vais me battre, aidée par mon entourage. Chaque personne à qui je dis ma maladie est un soldat potentiel qui viendra grandir mon armée. Elle grandit de jour en jour. 



vendredi 2 septembre 2016

2 - je ne m'y attendais pas à celle là

celle là, l'annonce, le choc, la baffe, le tremblement de terre magnitude 9. la condamnation.
je respire... merde j'ai plein de boulot et des réunions tantôt. mais qu'est ce que tu racontes, on s'en fout des réunions! va appeler quelqu'un. Maman. NON pas maman! pas par téléphone! Mon dieu comment je vais lui annoncer ça?! merde, pourquoi je lui ferai du mal? j'ai pas envie de lui faire du mal!

Matthieu, appelle Matthieu. Lui aussi il va tomber des nues. Je crois qu'il avait la quasi certitude que ce n'était qu'un tout petit rien. Ce matin il voulait qu'on renégocie le crédit. Tu peux oublier chéri, la banque elle prête pas aux mourants. STOP! tu vas où là? ah ouais la route du cynisme, elle est facile celle là... mais pas très brillante. rebrousse chemin, souffle un bon coup et appelle Matthieu.


Matthieu c'est moi, je te dérange pas? (je suis con ou quoi, meme si il était en plein milieu d'une réunion, je pense que là je peux exceptionnellement déranger) t'es assis? (en voilà une idée qu'elle est bonne). Dr Girard a appelé (tiens d'habitude on l'appelle Dr Girafe, pour détendre les enfants, mais là bizarrement pas envie de plaisanter), elle dit que c'est une tumeur maligne. (petit blanc au bout du fil, possible tremblement de terre magnitude 9 au faubourg st Léger).



la voix de la raison s'élève. La raison s'appelle Matthieu: on se retrouve à la maison,  on va discuter.


sur la route, je pleure, je sanglote, je bave, c'est limite dangereux. j'appelle maman. sans iPhone,juste je crie son nom dans la voiture. Comme si elle allait entendre ma détresse et venir caresser mon front en me promettant que tout irait bien.  Le désespoir gagne du terrain, guidé par la peur.  bien évidemment maman n'est pas apparue au travers de mon pare brise et n'est pas venue caresser mon front et soufflant sur mes bobos. maman... comment je vais lui dire? Et papa? Et Thomas? et gina, madelyne, letitizia, stéphanie, Isabelle, ma chef etc etc. comment vont ils réagir? quels mots vont ils bien pouvoir m'apporter?



je suis avec matthieu dans la cuisine. les minutes ne passent pas, encore 3 heures à patienter. j'ai trempé une dizaine de mouchoirs. Je ressemble à un Panda. un Panda aux yeux noirs avec un cancer du sein.


Entre deux sanglots je me ressaisi. Allez ma grande, on positive! bon allez, dans 3 heures on en saura plus. Les résultats vont probablement dire que c'est un petit cancer, pas grave, un petit traitement et à Noel on n'en parle plus! en attendant 2 paires de doigts pianotent allègrement sur les clavier d'Ipad, iPhone et MacBook. Steve Jobs, de l'au delà, nous accompagne.

nos recherches se cantonnent aux sites sérieux, on n'est pas maso non plus, et on s'informe mutuellement de nos découvertes.  c'est rassurant d'être à deux en  ce moment. Bon il faudrait que ce soit un carcinome in situ de grade I. celui la me semble pas très méchant, je veux bien celui là. 
par contre si c'est  carcinome infiltrant métastasé de grade III, heu non en fait je peux meme pas y penser.

On s'improvise oncologue en 20 minutes. Le Cancer du sein pour les nuls.  mais ça rassure quand meme de savoir contre qui on se bat.

"Si tu ne connais ni ton adversaire, ni toi-même, à chaque bataille tu sera vaincu" c'est Sun Tzu qui l'a dit. Et Sun Tzu il s'y connait en art de la guerre. 
Sun Tzu, un lien de parenté avec Brigid?
Brigid, déesse celte des arts, de la guerre,  de la magie et de la médecine.

on en reparlera plus tard, pour l'instant quelque chose de très important à faire. 

préparer un tremblement de terre magnitude 9 à grossoeuvre.

le voilà

Le kangoo entre dans la cour. Mince je ne m'y attendais pas non plus à cette visite. j'ai les yeux noirs dehors et rouges dedans. en 2 secondes je suis dans la salle de bain, des compresses froides sur les paupières. Bien sur ma grande, c'est un coton demaq up mouillé, pas un sort d'illusion. 
je suis satisfaite du résultat. Bon a savoir, les yeux de panda ça dégonflent vite.


je descends les escaliers, j'enfile un sourire quasi naturel, et je sors. Matthieu fait une tete d'enterrement. il leur a dit... ce sera déjà ça de moins à faire. Ils parlent de paille. ah bah non ils parlent des poules qui m'ont été offertes à mon anniversaire. D'où la tete d'enterrement de Matthieu.


on papote, visiblement mes yeux rouges clairs à bords rayés gris n'alertent personne. Coton mouillé, mon nouveau secret beauté.  


Papa et maman entament un retour dans la voiture, mon regard implorant me trahi je pense. Maman change d'expression. qu'est ce qu'il y a? 

heu
bah
Dr Girard m'a appelé


article: surmonter le choc de l'annonce